Au revoir Mae Salong !
Notre visa en Thaïlande expire dans maintenant 4 jours, nous devons donc nous activer pour continuer notre voyage vers notre prochaine destination : Le Laos.
Il est possible de rejoindre Luang Prabang depuis Huayxay en descendant le Mékong en slowboat (en comparaison aux speedboat faisant le trajet deux fois plus rapidement). Ce périple prend deux jours complets avec une escale pour la nuit dans un petit village à Pakbeng. En revanche le bateau part à 11H, et il faut passer la frontière au préalable (Visas, multiples transports pour rejoindre le pont, …). Nous n’aurons jamais le temps de faire tout ça en partant de Mae Salong.
Une première étape sera donc de mise, à Chiang Saen, ville frontalière côte Thaïlande à mi-chemin pur aller prendre le bateau. Ici nous aurons aussi l’occasion de visiter le fameux « Triangle d’or », haut lieu de la contrebande d’opium notamment grâce à la convergence des frontières Laotienne, Thaïlandaise et Birmane.
La route est longue, on commence à avoir l’habitude 😉
Chiang Saen, la charmante ville frontalière
Sans réservation, pour la première fois, nous arrivons ici depuis Mae Salong sans encombre. Après un petit repas au marché avec les sacs à dos, nous partons à la recherche d’un lieu pour passer la nuit. La chance nous sourit, la première GuestHouse que nous tentons, a des chambres de libres, pas trop chères (500B), elles sont franchement confortables ! Sans hésiter on prend. Ça fait du bien de se poser ailleurs que sur un banc de tuk-tuk ou sur un trottoir. On trouve cette ville vraiment agréable avec sa vie locale paisible sur les berges du Mékong, l’occasion rêvée pour profiter de notre dernière fondue thaïlandaise au milieu des habitants.
Le Triangle d’or, la rencontre de 3 pays
On prend bien-sûr le temps de découvrir à 8km de Chiang Sen, ce fameux Triangle d’or. Nous voici, en terres thaïlandaise, au bord du Mékong qui nous sépare du Laos, et les terres que l’on voit à l’ouest c’est le Myanmar (ex-Birmanie). Ce qui l’a rendu célèbre, c’est sa zone de plantation de pavots qui est la plus étendue au monde. Le pavot étant la fleur à partir de laquelle est confectionné l’opium.
Ce petit détail en fait un lieu chargé d’histoire d’un temps où l’opium était le nerf de l’économie mais aussi celui de la guerre. Nous n’arrivons pas encore à le ressentir à cet endroit même, mais patience … L’incontournable musée de l’opium nous dévoilera tout. En attendant, on mange une glace en observant les berges de notre prochaine destination.
Où que nous soyons, il y a toujours un Bouddha qui veille sur nous.
Le « Hall of Opium »
De nombreux échos nous orientent vers ce musée incontournable pour comprendre une époque où la culture et le commerce de l’opium ont été le point de départ de guerres économiques. L’opium qui était à l’origine utilisé pour ses vertus médicinales va devenir une drogue dure à prix d’or sur les marchés du Triangle d’or. Ce poison addictif fera sombrer ses consommateurs dans la corruption en proie aux plus grands marionnettistes de la scène économique mondiale. Nous allons découvrir que ces guerres de l’opium constituent des moments charnières dans l’histoire des relations entre l’Occident et la Chine.
Déjà l’arrivée au musée est impressionnante. Le terrain ne fait pas moins de 25 hectares. Les jardins sont arrangés de façon magistrale. On se croirait rentrer dans la résidence d’un baron de la drogue. Nous arrivons au pied d’une montagne dans lequel le musée a été construit. Après s’être acquitté des 400B d’entrée chacun (presque 12€), nous apprenons que nous ressortirons de l’autre côté de la masse rocheuse et qu’un chauffeur nous ramènera à notre scooter. Nous nous laissons engloutir par ce long couloir obscur (137m) qui nous mène dans l’antre de la montagne.
Aspirés dans ce couloir psychédélique, les démons surgissant des murs nous accompagnent dans le tunnel de la démence.
Une fois sortis de l’obscurité, la lumière nous éblouit pour laisser place aux champs de pavots et aux techniques liées à sa culture. Puis nous replongeons dans le noir le temps d’un documentaire retraçant l’histoire de la production de l’or blanc et les ravages de son commerce.
Nous apprenons que c’est au XVIII siècle que les Anglais vont considérablement accélérer la diffusion de l’opium en commençant par le peuple chinois qui en est friant.
Pourquoi la Chine ?
C’est pour Sa Majesté la Reine une façon de rééquilibrer la balance commerciale face aux énormes quantités de soie, de thé et de porcelaine qu’elle fait importer depuis la Chine. Bien décidée à réduire sa dépendance face au géant chinois, la couronne anglaise va se mettre à produire de l’opium à grande échelle grâce aux nombreux champs de pavots des terres coloniales indiennes. Contournant tous les interdits chinois, les Britanniques vont submerger leurs terres par le biais de marchands contrebandiers tout en interdisant bien sûr le poison d’or dans ses propres contrées car jugé bien trop dangereux pour la population de Sa Majesté.
La visite nous transporte maintenant à travers les salons intimistes où nous pouvons épier les consommateurs paraissant toucher le nirvana.
Les pipes utilisées sont de véritables bijoux, sculptées avec le plus grand soin dans les plus beaux bois, pierres et métaux. Le précieux vaisseau qui permet l’ascension au 7ème ciel devient un véritable joyau pour son voyageur.
Une fois sortis des délices de l’enfer, les couloirs font place à la science, aux mannequins et aux cerveaux en plastique pour nous sensibiliser aux effets désastreux de ce poison sur le corps physique et mental. Paranoïa, schizophrénie, insuffisance respiratoire voire crise cardiaque sans compter son immense pouvoir addictif. Ce couloir éducatif est très efficace pour ramener le curieux explorateur à la réalité. Une vraie douche froide !
Le parcours se termine par une exposition des plus grands artistes qui n’ont malheureusement pas pu résister à la tentation de glisser dans les limbes de cette ivresse.
Pour ceux qui voudrait en savoir davantage sur cette histoire, voici un podcast de France culture sur le sujet ou cette courte vidéo qui explique la 1ère guerre de l’opium de façon très claire.
On se retrouve dans le prochain article pour un long périple au fil du Mékong. Cap sur les Terres laotiennes !
5 réponses
C’était court, mais on est toujours heureux de suivre vos aventures! Le prochain article doit être prêt, non? AH AH!!
Et ba oui figure toi ahah Je ne voulais pas tout mélanger alors j’ai divisé l’article en 2. Punaise, on peut rien te cacher !
C était très immersif 😜.
Vous nous plongez toujours dans le creu de votre poche tels des embarqués clandestins dans votre périple.
Merci 😊.
On pense fort à vous
la fresque murale dans le tunnel qui mène au musée est impressionnante ! Elle me fait penser au tableau de Munch Le cri ! Cela doit être quelque chose que de le traverser. Bonne continuation.
Ouais papa tout a fait d’accord !