Vivre à Chiang Rai

L’esprit de famille thaïlandais

Hier, alors que je cherchais sur homestay un foyer pour passer notre prochaine nuit et  accessoirement les 8 suivantes, mon attention est retenue par un magnifique portrait de famille. Il n’y a pas moins de 10 personnes sur cette photo toutes rassemblées en une grappe de sourires. Coup de coeur ! Renoo, chef de famille, explique qu’elle, son mari et ses 9 enfants ont toujours accueilli les personnes dans le besoin, les croyants sur leur pèlerinage et les voyageurs éphémères. 

Leur maison n’est qu’à quelques kilomètres de là, c’est l’occasion de vivre la vie de famille thaïlandaise et rencontrer de belles personnes, on n’hésite pas une seconde. On réserve. 

Le lendemain. 10h du matin. 

Notre grab (l’Uber d’Asie du Sud-Est) vient nous chercher à l’auberge, on part direction l’Ouest de la ville chez notre nouvelle famille, à deux pas de la rivière Kok. 

Très vite, on quitte les rues agitées et le trafic. Seuls le calme et la nature nous entourent. La voiture s’arrête devant une grande villa qui trône au milieu d’un véritable parc. Je dis à Ben « heu…il se trompe ça ne doit pas être là ». 

Le portail électrique glisse sur le rail pour nous souhaiter la bienvenue. On n’en croit pas nos yeux.

Découvrons les lieux !

C’est Ja qui vient nous accueillir avec un sourire incroyable. Elle fait partie de la fratrie de 9. Elle a 19 ans et suit des études dans le tourisme. Du coup elle parle anglais. Nous devenons un cas pratique idéal. Elle nous présente notre nouveau chez nous. Nous nous installons dans le premier appartement de ce grand et magnifique chalet.

Une vaste cuisine ouverte sur un jardin immense deviendra notre salle à manger, salle de travail et de repos, et plus tard même notre studio de cinéma (car C’est ici qu’on va faire ma première vidéo en tant que prof de français, c’est une autre histoire …). Cette pièce extérieure est commune à tous les invités mais en ce moment, nous sommes les 2 seuls invités !

Dans le jardin, il y a des enfants, des ados, des jeunes hommes qui vaquent à diverses occupations dans une atmosphère tellement décontractée et apaisée, que l’on ne peut que se sentir bien. Le petit dernier de 8 ans arrose les plantes. Une équipe d’ados jouent au football en riant, la grand-mère se balade à son rythme, d’autres déchargent des pick-up remplis de marchandises. 

Rencontre avec les chefs de la belle tribu

Le père et la mère de famille viennent nous saluer dans notre jardin privé. Ils n’ont pas plus de 50 ans. Tous les deux parlent anglais. Ils rendent le premier contact tellement facile. Leur bonheur, leur simplicité et leur intérêt pour l’autre sont évidents. On sent tout de suite que cette chaleureuse entreprise familiale n’a rien à envier aux autres, rien à chercher à l’extérieur. Tout est là, dans ce domaine familial : la joie, l’effort, l’apprentissage, le travail, le partage, l’amour, l’entraide, l’attention couronnés par une immense croix perchée sur le toit de leur maison. Les plus belles valeurs humaines sont appliquées au quotidien avec une intention si forte, qu’elle est ancrée en chacun d’eux. Quelle leçon d’humanisme ! 

Le père a tout construit de ses mains. La villa familiale, les deux grands chalets en bois composés chacun de 4 appartements privés ainsi que les 3 maisonnettes indépendantes accolées à la cuisine d’été centrale. Rien ne manque, tout a été construit avec l’amour du détail et une touche d’esthétisme qui fait toute la différence. Chaque logement a son porche et son petit jardin coloré parfaitement entretenu. Rien n’est là par hasard. Des torches s’illuminent la nuit, décimées de façon rectiligne pour rendre l’entrée des maisons plus accueillante. Il y a du goût et l’envie d’accueillir dans chaque recoin. C’est soigneux, organisé et chaleureux à la fois. Nous nous sentons divinement bien ici.

Avant de nous quitter pour retourner au travail, ils nous invitent le 25 au soir pour fêter Noël avec eux autour d’un barbecue. C’est le summum. 

Un Noël pas comme les autres

C’est le 25 décembre. 18h30. Il fait nuit. C’est notre 3ème soir chez nos hôtes. On se rapproche timidement du rassemblement familial où la fête bat déjà son plein. Les chants harmonieux s’élèvent dans les airs sur des mélodies grattées avec douceur rythmée à la guitare. C’est juste magique.

On reste dans l’obscurité un peu gênés à 10 mètres de la fête. « Comment on arrive sans attirer l’attention sur nous ? » Bon faut se lancer ! On approche sûrement mais discrètement de la grande chorale qui encercle le barbecue d’où des odeurs de poissons et de viandes grillées s’évaporent. A peine vus, certains se chargent de nous montrer les places où s’installer pour que nous nous unissions au choeur. La musique est belle. Une mélodie folk accompagnée de percussions telles que des pinces métalliques pour retourner le poisson, des louches et des bouteilles de bières. L’harmonie est parfaite. D’autres se collent épaule contre épaule pour chanter ensemble les phrases du texte inscrit sur le papier sous leurs yeux. Nous, on n’a pas répété alors on tape dans nos mains … Il y a les 2 grands-mères, le grand-père, la femme du pasteur du village, les 9 frères et sœurs, quelques enfants adoptifs aussi. La chanson entraînante se termine. Place au silence. Un silence religieux. Le père prend la parole avec émotion. Il commence la prière. Les mots résonnent dans le silence. Ils fendent la nuit. Leur intensité et leur profondeur est palpable malgré la langue. La femme du pasteur prend la parole à son tour, le regard rivé sur nous. Elle traduit chacune des phrases en anglais au milieu de ce puissant silence. La traduction terminée, le chef de famille reprend de plus belle. L’auditoire écoute avec un immense respect jusqu’à ce que tout le monde s’écrie « Amen ».

La danse du buffet

Les festivités reprennent aussitôt. Les corps se lèvent, s’animent, ils vont et viennent dans toutes directions, les rires éclatent, les poissons tournent au-dessus du chaudron de braises creusé dans le sol, la table immense déroule un buffet de salades appétissantes, des mains agiles apportent d’autres mets, la machette tranche le porc grillé en lamelles régulières. Chacun remplit son rôle à la perfection dans un naturel et une harmonie surprenante. Un jeune thaïlandais de la fratrie nous tend l’assiette où le porc grillé vient d’être découpé, un régal ! Un autre des 5 frères nous propose une bière « Chouette ils boivent aussi de la bière!». Chacun d’entre eux nous souhaite la bienvenue à sa façon. On se sent comme des coqs en pâtes. Des petits groupes se forment de part et d’autre du barbecue central. Une nouvelle famille d’invités rejoint la fête. Le sourire est sur tous les visages. 

Ja nous rejoint à notre table. Elle apporte un énorme poisson grillé que l’on se partagera tous les 3 avec des feuilles de salade verte, «c’est comme ça qu’on le mange» nous dit-elle. On apprend qu’une de ses sœurs étudient la géologie, un autre l’ingénierie mécanique, une autre sœur finit ses études de médecine. Ils sont tous dispersés dans le Nord de la Thaïlande mais ils ne s’éloigne jamais vraiment de la maison du bonheur familiale. Une des sœurs revient avec un cure dent géant sur lequel elle a transpercé une rangée de guimauves. L’enchantement se lit sur son visage. Elle paraît 8 ans à nouveau. « La brochette de chamallow au barbecue bien sûr!».

Chacun se munit d’un pic en bois. Un pic passe adroitement de mains en mains jusqu’à nous, c’est une véritable chorégraphie. Je me demande s’ils répètent pour faire des choses pareilles. Les paquets de douceurs sont propulsés dans les airs, des mains habiles les réceptionnent. Le plastique éclate, les cubes bicolores s’enfilent sur les aiguilles en bois, les doigts roulent la baguette au dessus des braises, les yeux surveillent la cuisson. Le bonbon se ramollit pour le plus grand plaisir de la sœur d’une quinzaine d’années qui a, sans exagérer, dû gober 4 paquets à elle toute seule. Au contact de la langue, le bonbon chaud se dissout. « Pourquoi n’ai-je jamais fait les scout sacrebleu ! ». Le sucre n’a jamais été aussi réconfortant qu’en Thaïlande, encore plus, la guimauve de l’enfance. C’est comme faire un voyage éclair chez soi. 

Toutes les bonnes choses ont une fin

Le lendemain, au réveil, la fourmilière s’est remise en marche. Un membre de la chaîne est chargé  d’expulser un colis du pick-up, un autre le réceptionne, le suivant empile la boîte sur 10 autres. Le garage n’a plus un mètre carré de libre. L’organisation est militaire, l’ambiance toujours légère. Mais de quoi vivent-ils ? Plus tard, nous croiserons le père de famille qui nous confiera qu’ils vivent du stock market. Ils achètent en gros et à bas prix et ils livrent les produits dans les épiceries environnantes à des prix plus élevés. Ça a l’air d’être une affaire qui roule en tout cas ! 

La rivière Kok

Une balade des alentours s’impose, la rivière est à deux pas. Chiang Rai beach pour les locaux. Les rues sont paisibles, il y a très peu de passage, seulement quelques planches de bois où quelques locaux présentent des légumes, fruits et aromates récoltés sûrement à l’arrière de leurs maisons.
On longe les plantations d’ananas.  

Il y a des terrains vagues, pas de signe d’activité. Au bout de cette rue déserte, une épicerie où deux hommes font la causette pour faire passer le temps qui n’est pas au rush apparemment. Contents de voir passer 2 flâneurs devant leur boutique, ils nous interpellent. On se laisse séduire, flattés d’éveiller autant d’enthousiasme de leur part, on leur prend de quoi s’hydrater. S’il y a des commerces, on ne doit pas être loin de la rivière …

Les paillotes sont fidèles à leur poste, alignées sur la rive, le cadre est splendide. Il n’y a personne exceptés une famille locale et 2 amoureux sur des paillasses. Pas l’ombre d’un touriste, c’est le lieu de détente des habitants. On s’installe. La cuisine est très bonne en plus. Les prix sont locaux. Loin des sites touristiques, on retrouve le charme du calme.

Wat Tham Tu Pu

Sur le retour on découvre un Temple troglodyte. On est seul au monde dans ces grottes religieuses qui paraissent à l’abandon par rapport à tous les temples sublimement chouchoutés que l’on a pu voir jusqu’ici.

Puis on va vérifier si la rivière Kok a autant de charme au crépuscule ….

Flower festival  

Nos hôtes nous recommandent d’aller au Flower festival. C’est vrai maintenant ça me revient à PHRAO les paysans s‘appliquaient à composer des bouquets multicolores sur le bord des routes. C’est dans ce domaine que l’on aura vu le plus d’ordre, d’esthétisme et d’organisation. Le festival est ouvert à tous en plein centre ville et pourtant nous avons l’impression que cet événement attire une classe plutôt aisée. Pendant que Ben prend les photos, je papillonne dans ce monde irréel, féerique. On se croirait dans Alice aux pays des merveilles. On a eu du mal à imaginer un regard artistique aussi naïf et innocent en France. Par ici la visite ! 

Biensur à mon plus grand plaisir les stands de nourriture n’ont pas été oubliés. Comme à chaque fois ils t’accompagnent tout le long de la route jusqu’à l’entrée principale, et une fois à l’intérieur les échoppes prennent au moins autant de place que les fleurs.

On opte pour le Khao Soy cuit dans les marmites de la mama.

Le soir c’est une toute autre ambiance … On vous emmène.

On traverse le fameux Night Bazaar pour arriver au festival. Des petites danseuses thaïlandaises nous font une chorégraphie pour les aider à payer leur école. La petite devant a l’air plus prête à une carrière solo. Génial !

Les guirlandes illuminées, la musique, la bière chang et les brochettes ont pris le devant de la scène au Flower festival.

Une flash mob géante est en cours, une espèce de Madison Thaï qui met les danseurs amateurs dans un état de transe totale. Plus qu’à se trouver un coin de table pour apprécier notre Chang fraîche devant le superbe spectacle. C’est un véritable challenge de trouver un bout de table pas encore innondé par des flaques d’alcool. Tout autour de nous les coudes sont levés, le whisky thaïlandais est de sortie, les voix montent d’un ton, les gestes s’amplifient, les corps et les bouteilles vides se déséquilibrent. Ce chaos agité contraste la ballet des danseurs concentrés.

Soudain la pluie se met à tomber, bientôt les gouttes se transforment en un rideau de douche ! On chope notre dîner en barquette, les bières et on file se réfugier sous les banderolles sorties pour l’occasion. Un fêtard vient nous faire la conversation. Ben me fait la traduction ; « c’est la langue de bourrés ma chérie, j’ai le décodeur ».

23h : La pluie a fait disparaître la foule en quelques minutes, les Thaïlandais remplissent et désertent les lieux à la même vitesse. Une véritable envolée d’oiseaux.

23h15 : La pluie cesse, on reprend la rue principale du night bazaar pour retrouver notre scooter ; la rue est déserte, méconnaissable, plus un seul stand, au loin, notre scooter seul dans cette rue morte et sombre qui était un réel couloir d’attractions illuminées il y a à peine une heure.

Asian flower festival (Et oui un autre…)

Aujourd’hui direction « Asian flower festival », sous les recommandations de notre famille. Encore des fleurs, oui car ils en sont très fiers apparemment 🙂 Ce sera aussi l’occasion de découvrir l’artisanat des différentes ethnies vivant dans les montagnes environnantes.

A l’entrée des « banques truck » nous accueillent. On arrête pas le progrès 🙂

Sans grande surprise ce sont des stands de mille et une gourmandises à grignoter qui s’imposent dans l’allée centrale. On ne sait même plus ce qu’on vient voir. Après avoir chopé un kebab car oui il y a des malins qui ont cassé les habitudes culinaires avec un mouton embroché) 

On flâne dans le jardin des curiosités. Des femmes descendues des sommets de leur montagne nous présentent leur artisanat. Elle tisse avec des techniques ancestrales transmises de générations en générations. Les régions Nord, notamment Chiang Mai, sont célèbres pour la fabrication de d’une soie de très belle qualité, mais aussi pour la fabrication d’un tissu traditionnel, le karen. Chaque tissu est unique car il représente l’origine et le type de caractère de la personne qui le porte.

Assise tel un petit pantin tout juste tombé sur les fesses, elle manie les objet en bois avec une dextérité admirable. Elle va tellement vite qu’il faut observer la manœuvre minutieuse plusieurs fois avant de capter les différentes étapes.     

Une séance de massage hors du commun

On continue notre balade attirés par le son chantant de battements réguliers, l’impression de petits coups de marteaux.  

Au bout du chemin, on trouve un moine avec un sourire commercial. C’est tout à fait inhabituel. Les cliquetis retentissent dans la galerie ouverte derrière lui. A ses côtés, un panneau explicatif.

« C’est quoi le Lana massage ? » L’affiche du maître du feu, les pieds enflammés au-dessus d’un corps humain dénudé captive notre attention (enfin surtout la mienne …). Le moine s’engouffre dans cette faille que nous (je) laissons grande ouverte. Il commence une présentation à l’aide de son smartphone. Le disciple qu’il a formé à résister aux flammes grâce à un dur travail sur le contrôle de soi et l’atteinte d’un plus grand niveau de conscience. Bien-sûr je suis emballée. Je veux moi aussi me faire enflammer le dos par les pieds d’un grand sage, tu penses ! 

Il m’a persuadée beaucoup plus facilement que Ben. Il avait bien ciblé sa proie. Je pense d’ailleurs que ce moine est un commercial tout juste converti. Il doit probablement être encore sur le chemin de la sagesse.

Je me charge de convaincre Ben que l’on ne peut pas passer à côté d’une telle expérience. Il se laisse tenter. Chouette ! 

C’est là que notre cher moine vendeur hors pair se dévoile. Après m’avoir attirée avec tout un speech sur son grand savoir de la résistance aux flammes par le contrôle de l’esprit, m’avoir agrandie la pupille de l’œil en faisant naître mon excitation et ma curiosité, c’est à Ben qu’il propose de s’allonger sur le lit des grands maîtres. Des petits lutins s’animent et installent une multitude de récipients de toute taille remplis de liquide au bord du lit. 

Je me dis « Très bien, il veut que mon chéri commence, je vais en profiter pour prendre des photos de ce massage spectaculaire ». Je m’assois par terre devant le lit où ils ont allongé Ben. J’ai l’angle idéal pour les photos.

Le moine me regarde et me fait signe d’avancer parmi le groupe de personnes installées dans des fauteuils dans l’arrière galerie. Ils sont en train de se faire remettre la colonne en place avec 2 morceaux de bois que les masseurs cognent l’un sur l’autre.  

Je me pense « la grosse blague ! Je ne suis pas venue pour me faire tapoter le dos à coups de marteaux, je suis venue pour que l’on m’enflamme la colonne vertébrale ! »

Je lui réponds poliment : « non merci, j’attendrai mon tour après mon copain pour avoir le massage avec les flammes (sous-entendu « que tu m’as vendu pendant 15 minutes ! »)

Le moine répond « Très bien, qu’on lui apporte une chaise ». La jeune femme de la réception s’exécute. 

Le moine est en fait le chef d’orchestre de toute son équipe de jeunes apprentis. Y en a pas un qui bronche. 

Aparte : (je ne voudrais pas me laisser influencer par les croyances profondes que la société a pu nous programmer dans notre inconscient mais le fait que le statut de femme chez les moines n’existent que dans le silence et l’admiration de l’homme, je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a une certaine inégalité dans la façon dont il s’occupe de nous 2 …) Je n’avais pas complètement tort. 

Le massage de Ben commence, son masseur commence le travail avec beaucoup de classe et de maîtrise, il danse sur son dos. J’assiste au spectacle émerveillée. Ben a un air très satisfait et de détente absolue. 

Le moine refait un signe de la main et la jeune réceptionniste s’avance vers moi avec son pieux et son marteau. Alors qu’elle s’apprête à donner le premier coup, je dis « non merci, je ne veux pas ma faire masser sur une chaise en plastique rajouté dans un bout d’herbe devant le lit où Ben est convenablement allongé ». 

Je regarde le moine et lui dis «  J’attends pour le massage avec le feu, merci»

Il a l’air très embêté, il me dit « Vous avez le temps ?» (sous-entendu d’attendre que le maître masseur de Ben ait terminé) 

Moi : « Oui oui pas de problème » 

Ça ne l’arrange pas plus.

Je reprends le focus sur le danseur enflammé. En équilibre sur une jambe, il trempe son pied adroitement dans une jarre d’huile puis dans le feu, des crépitements précèdent une explosion de flammes impressionnantes. La flamme s’éteint au contact de la peau. L’acrobate fait des cercles avec son pied sur cette chair détendue par la chaleur. A en voir le visage de Ben, ça a l’air vraiment agréable. Vivement mon tour ! 

Le moine rode. Il cherche une solution pour ne pas avoir à attendre que le maître des flammes soit libre pour s’occuper de moi. Je vois le truc venir. 

Il lève un doigt. 3 jeunes masseurs s’activent et improvisent un lit semblable à celui du maître avec des gestes non assurés et des regards gênés. 

Je me dis : « Punaise c’est pour moi ! Il va me mettre des novices pour que je puisse avoir mes flammes ce charlatan ! » Là je fais pas la maligne parce que si le débutant désigné me brûle pour satisfaire la cupidité du grand gourou en robe safran, on sera tous bien avancés ! 

Il a fait en sorte que je ne puisse rien dire car le même attirail est déployé que pour Ben mais je sens et je vois l’anxiété du masseur élu. J’essaye de chasser mes pré-jugés et m’allonge. Le cirque commence avec des coups de pioche désagréables dans le dos, c’est encore supportable. Je me demande si j’arrête le carnage tout de suite. Je n’ai pas envie de passer pour celle qui fait un scandale mais il m’a mis dans une position vraiment particulière là. Je me sens obligée de me laisser faire. Voilà que le feu arrive. Je sue déjà. Son manque de confiance est palpable, il flotte au-dessus de moi. Il se met en équilibre pour mettre son pied dans l’huile et voilà qu’il trébuche et se rattrape in extremis à la planche du lit. Son collègue plus âgé à côté de moi pouffe de rire. Ma colonne vertébrale est prisonnière d’un pantin au milieu d’une mascarade et je n’ose rien faire, rien dire. Je prie, je crois … Étonnamment le moine réapparaît et demande au jeune de me faire les jambes. Il penche la tête et me regarde avec son sourire hypocrite « Tout va bien pour vous ? » 

Je réponds « J’ai jamais demandé à ce qu’on me fasse les jambes ». 

Il a l’air pris de cours et balbutie quelques mots. De toute façon il a eu 200 autres clients aujourd’hui. Il crache des instructions au jeune qui s’occupe de moi. Ce dernier me jettera de l’huile refroidit sur le dos, fera 2 cercles et me dira « C’est fini ! ». Enfin !

Je rejoins Ben qui est ravi et n’a aboslument rien vu de tout ce manège ! Tant mieux pour lui, il y en aura au moins un qui aura eu le fameux Lana massage. 

Chiang Rai et les 12 coups de minuit

On opte pour le concert privé …

Bonne année à tous et merci de nous suivre ! On adore vous savoir pas loin.

5 Responses

  1. Moi qui adore les massages.. J’aurais flippé … Tu es bien courageuse Pauline..👌
    J’aime bien voir mon Benji avec ce grand sourire danser en ces premières heures de 2020 !
    Continuez à danser, rire, admirer, découvrir.. Vivez pleinement et heureux ! Bisous 💋

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